EXPRESSIONS AUTOUR DU PAIN

Le pain est devenu au fil des siècles le vecteur de nombreuses expressions qui témoignent de son importance. Voici quelques expressions populaires :

Mal enfourner on fait des pains cornus : l’important dans une affaire, c’est de bien la commencer.

Avoir le pain et le couteau : ne manquer de rien.

Avoir mangé plus d’un pain : avoir beaucoup voyagé.

Avoir ni pain ni pâte au logis : devoir faire les courses.

Avoir plus de la moitié de son pain cuit : n’avoir plus longtemps à vivre.

Avoir son pain cuit : être assuré de sa subsistance, avoir de quoi vivre au repos.

Avoir du pain sur la planche : initialement, ne pas avoir besoin de travailler pour manger.
Aujourd’hui c’est au contraire avoir beaucoup de travail.

Bon comme le pain : être d’une grande bonté, généreux, doux.

Ça ne mange pas de pain : cela ne coûte rien ou ne peut nuire.

Donner du pain de chapitre à quelqu’un : faire des reproches.

Être au pain sec et à l’eau : se nourrir peu.

Etre grossier comme le pain d’orge : être très grossier, mal élevé.

Faire la guerre au pain : être très affamé.

Gagner son pain à la sueur de son front : gagner sa nourriture par le biais du travail.

Gagner son pain : gagner de quoi vivre.

Long comme un jour sans pain : interminable, ennuyeux.

Manger le pain du roi : être militaire ou en prison.

Manger son pain blanc avant son pain noir : avoir le meilleur avant le difficile.

Manger son pain dans sa poche : être égoïste.

Mieux vaut pain en poche que plume au chapeau : la nourriture est plus essentielle que le superflu.

Ne pas manger de ce pain-là : refuser de participer à quelque chose.

Ne pas valoir le pain que l’on mange : être fainéant, bon à rien.

Oter le pain de la bouche : priver quelqu’un de ce qui est nécessaire.

Pain dérobé réveille l’appétit : ce qui est défendu est attirant.

Pour une bouchée de pain : pour presque rien.

Promettre plus de beurre que de pain : promettre plus qu’on ne peut tenir.

Rompre le pain avec quelqu’un : cesser les relations avec lui.

Se vendre comme des petits pains : se vendre facilement, rapidement.

Tel pain, telle soupe : les choses valent la matière qu’on y met.

Tremper son pain de larmes : vivre dans le désespoir et le regret.

Pains et poèmes

Le pain a inspiré de nombreux poètes. Baguettes, miches, brioches… ont investi tous les genres littéraires : poème en prose (Le Pain de Francis Ponge dans le parti pris des choses en 1942), sonnet classique (Cuisson du pain Emile Verhaeren, dans Les Flamandes en 1883), thème majeur de roman (La Porteuse de pain de Xavier de Montépin, Une gourmandise de Muriel Barbery), ou encore passage clé de certains contes et comptines.

Voici quelques extraits de poèmes :

Ode au pain

Pablo Nerudo, Odes élémentaires (1954)

Traduction Jean-Francis Reille

© Edition GALLIMARD

Extrait :

« Nous irons, couronnés d’épis,

conquérir

terre et pain pour tous,

et alors

la vie aussi

aura forme de pain » 

Le pain

Francis Ponge, Le parti pris des choses (1942)

© Edition GALLIMARD

Extrait :

Ce lâche et froid sous-sol que l’on

Nomme la mie a son tissu pareil à celui

des éponges »

Cuisson du pain

Emile Verhaeren, Les flamandes (1883)

Extrait :

« Les servantes faisaient le pain

pour les dimanches,

Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,

Le front courbé, le coude en pointe hors

des manches,

La sueur les mouillant et coulant au pétrin »

C’est la fête du blé,

C’est la fête du pain 

Paul Verlaine, Sagesse (1881)

Extrait :

« Travaille, vieux soleil, pour le pain et le vin,

nourris l’homme du lait de la terre,

et lui donne

L’honnêteté verre où rit un peu d’oubli divin.

Moissonneurs, – vendangeurs là-bas !

-votre heure est bonne ! »

Les effarés

Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai (1870)

Extrait :

« Ils écoutent le bon pain cuire.

Le boulanger au gras sourire

Chante un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,

Au souffle du soupirail rouge,

Chaud comme un sein »

Le gâteau

Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris

(recueil posthume, 1869)

Extrait :

« Il y a donc un pays superbe où le pain

s’appelle du gâteau, friandise si rare

qu’elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide ! »